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Pour nous oui, voici maintenant réunies sous un même toit qu'on pourrait appeler "Métiers de la Montagne" deux professions complémentaires, celle de guide de haute montagne et celle d'accompagnateur de randonnée. Les cadres dans lesquels on a l'autorisation d'évoluer sont évidemment différents.
Manque encore pour quelques temps les moniteurs d'escalade, patience, ça vient !
Pour ma part, j'ai suivi un cours qui a amené la première volée des accompagnateurs au Diplôme Fédéral et dans le prolongement, à un cours permettant sur appel de fonctionner comme expert aux examens desdits futurs diplômés fédéraux.
Voilà à quoi j'ai passé mon temps ces dernières semaines, un peu sur les bancs d'école, mais aussi sur le terrain à observer les candidats.
Le travail est très intéressant, c'est une autre façon pour nous guide de voir et d'observer la montagne, avec maintenant les yeux dirigés ailleurs que sur le bout de nos chaussures ...
Juste de retour du Népal pour partir grimper dans le Midi avec d'abord les "p'tits jeunes de Châtel", comprendre l'OJ de la section Dt de Lys du CAS, camp d'escalade traditionnel à la fin de la saison, toujours aimé par les jeunes et ... les moniteurs !
Rebelote une semaine plus tard avec un stage CRoc'montagne, visite des sites majeurs des Alpilles, incursion dans les Calanques. Je suis hyper motivé à faire découvrir "mon" territoire dans lequel je grimpe depuis les années huitante.
C'est un moment idéal de l'année pour grimper dans ce coin de France, température idéale, douceur de la lumière et quasi personne dans les falaises !
A chaque fois, je reste pantois de voir les progrès réalisés par les participant(e)s en une semaine. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils deviendraient en 15 jours !
La plus belle montagne du Népal : L'Ama Dablam (à traduire par "le reliquaire de la mère" ou "la boîte à bijoux de la mère"). En fait, c'est la gardienne des montagnes majeures du Khumbu, Everest, Lothse, Nuptse. Son esthétique est hors norme, touchante. J'aimerais croire que c'est de l'Ama Dablam dont Baudelaire parle dans son poême "La Beauté", tiré des Fleurs du Mal :
"Je suis belle ô mortels ! comme un rêve de pierre
Et mon sein où chacun s'est meurtri tour à tour
Est fait pour inspirer aux poêtes un amour
Eternel et muet ainsi que la matière" (...)
Une aventure qui a commencé pour nous il y a trois ans, dans mon salon, quand Lolo a vu une photo particulièrement belle de l'Ama Dablam. Les envies de gravir une montagne plutôt qu'une autre appartiennent à chacun d'entre-nous, son histoire, sa forme, le lieu. L'envie de Lolo lui appartient donc.
Mais cette année a été la bonne pour nous, une belle saison dans les Alpes, une bonne acclimatation le long du trek du camp de base de l'Everest. Nous voilà prêts et motivés, malgré qu'aucune cordée n'ait réussi l'ascension la saison dernière et que l'évolution des glaciers rends la barre de séracs sous le sommet particulièrement délicate.
Montée au camp 1 :
Montée au camp 2 :
Nous ferons partie de la première cordée qui sortira cette année au sommet (18 octobre, directement du camp 2 au sommet et retour au camp de base en 18 heures). Derrière nous, de nombreux candidats dont nous n'aurons pas de nouvelles : du camp de base, nous redescendrons très vite sur Namche, Lukla et Kathmandu, la neige étant tombée dès le 20 octobre jusqu'à 3500 mètres ...
Le jour du sommet a été une journée sublime, départ du camp 2 à 03h00, petite halte au camp 3, puis la section en glace, très raide , mène à une superbe arête de neige genre Bianco Grat, qui plonge dans le ciel et qui brutalement s'arrête, c'est le sommet, une plaine magnifique, avec une vue incroyable sur les géants, Everest, Makalu, Lothse.
Montée entre le camp 2 et le sommet :
Le sommet :
Nous sommes seuls, avec Tulsi, notre sherpa bienveillant.
La mère (Ama) nous a laissé entrevoir ses secrets (Dablam)
La descente, vue sur le camp 3 et, surprise, rencontre de Ueli Steck et de sa femme au camp 3 :
Les compagnons de cordée, Lolo et Tulsi:
Montagnes de l'Himalaya, si belles, si attirantes ...
Probablement du jamais vu .... Il a fallu attendre 15 ans pour que Dominique (entraîneur de Federer à une certaine époque) réalise son rêve d'aller au camp de base de l'Everest et d'y taper quelques balles de tennis !
Projet d'année en année repoussé pour différentes raisons, il n'a pas laissé passé l'occasion de ses 50 ans !
Chemin "normal" pour y aller ? Très peu pour moi, même si c'est de toute façon magnifique, pas envie de marcher le long de l'autoroute.
C'est donc de Thame que nous rejoindrons le "court" à 5400 mètres en passant par les mythiques cols du Renjo et du Chola et les sommets du Gokyo Ri et du Kala Patar.
Une bonne dizaine de nuits passées entre 4000 et 5200 mètres, quelques pointes entre 5300 m et 5400 m, un trekking assez sévère ...
Impossible à réaliser sans nos porteurs, soyons clairs. Qu'ils soient ici remerciés, nous avons tous été impressionnés par leur performance et leur gentillesse.
L'équipe elle-même réunie autour de Dominique était hétéroclite, drôle, un mélange digne des meilleurs crûs, liée par amitié et par hasard, pour le meilleur, composée de sportif(ve)s mais pas forcément alpiniste.
D'où quelques surprises, dans le désordre : logement, nourriture, douches (!), longueur des étapes etc ... Dépassement de soi, auto-dérision et humour ont été le moteur de notre équipée.
Pour exemple, Didier à qui certains trekkers demandaient à quoi pouvaient servir ces raquettes de tennis visibles sur son sac, lui, imperturbable répondait que le "last minute" prévu aux Seychelles avait foiré et qu'il se retrouvait au Népal par hasard...
Vous avez dit sérieux ?
L'équipe : Dominique et Didier, Claudine et Fabienne, Antoinette et Christian, Susanne, Olivier et Laurent.
Un rêve réalisé, d'autres à vivre, plus haut, plus loin.
En plus, pour moi, partager un projet tel que celui-ci avec Myriam et Daniel, Nicole et Jean Claude, et le "p'tit Yann" pour compagnons a été un vrai grand moment d'amitié et de légèreté. Pas de stress, pas de pilule à distribuer, pas de cloque à soigner, bref, quasi des vacances !
Cette onzième ascension du Kili pour moi avec une équipe aussi homogène et attentive aux besoins de chacun, par une météo de rêve, à peine un peu plus froid le jour du sommet, me donne juste l'envie de ... recommencer une fois encore !
Joie totale à réussir tous ensemble les 2 sommets, et un grand merci aux porteurs, nos vaillants compagnons de route, car sans eux, soyons clairs, nous n'avions aucune chance d'atteindre nos rêves.