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La météo reste "crouille" pour ne pas dire desespérante en ce mois de juillet et trouver une lucarne de beau devient parcours de combattant. Même si c'est aux Grisons que nous aurions dû nous rendre, Carine est ouverte à n'importe quel projet pourvu qu'il se situe en montagne ! Pour elle c'est un peu un retour, elle a un palmares impressionnant réalisé il y a une vingtaine d'années. Trouver un sommet de 4000 m qu'elle n'a pas encore réalisé est un défi mais miracle le Nadelhorn lui a encore échappé ! La météo est meilleure en Valais, c'est parti .... dans 40 cm de fraîche qu'il va falloir brasser pour atteindre la croix sommitale. Un joli carton qui craque sous chaque pas, une vraie galère, mais quelle joie d'avoir réussi !
L'idée de Yann Günzinger, responsable de formation, d'emmener en hte Route des jeunes de l'institution de Bonne Fontaine de Fribourg s'est avéré un projet un peu fou, mais la montagne est un milieu tellement riche sur le plan émotionnel et relationnel qu'on peut le considérer comme unique, incontournable. Donc on persiste malgré les difficultés. Et c'est vrai que durant notre semaine de ce mois de juillet pourri les rapports se sont exacerbés et que nous avons dû renoncer après trois jours de marche. Qu'importe, le magnifique travail des éducatuers a permis de retomber sur leurs pattes et même si nous ne sommes pas arrivés à Zermatt selon le chemin prévu, nous avons terminé notre périple par l'ascension du Breithorn, premier 4000 m. Beaucoup d'émotion au sommet, confiance en soi retrouvée, confiance aux adultes aussi, aux éducateurs comme Charly et Bruno. Quel magnifique travail thérapeutique !
Petite pluie en montant aux Vignettes, bleu béton le lendemain pour notre premier sommet, l'Evêque en conditions sublimes, neige dure de bas en haut et de haut en bas. Tout seuls tout là-haut, une journée cadeau, et rösti exceptionnel, les meilleurs de tout l'arc alpin servi par Carine-la-Corse et Jean-Mi. Et de UN. Traversée du Pigne le lendemain, toujours beau temps, vue magnifique qui s'étend jusqu'au Grand Paradis et la Vanoise d'un côté et sur les Bernoises de l'autre, arrivée tôt aux Dix, de quoi écluser bien quelques bières. Spécialité de cette cabane, une carte digne des meilleurs pubs. Et de DEUX ! Le Cheillon était au programme, dont acte. Magnifique itinéraire, varié, montée par l'arête nord ouest, avec juste un peu de glace, de quoi faire monter les pulses et une arête sommitale un brin cornichée, de quoi faire remonter les pulses ... Jocelyne, Susanne, Jean Marc et Gilles au sommet, retour en frôlant les magnifiques séracs de l'itinéraire à ski, et de TROIS !
C'est une belle histoire que cette rencontre avec cette famille belge dont le père, que j'avais connu il y a plus de vingt ans sur les pentes du Mt Blanc et qui a repris contact avec moi. Il a fait de l'ascension du Bishorn un projet familial en ce début d'été. Les conditions étaient très difficiles et tous, eux comme moi, nous en avons ch... dans 40 cm de neige fraîche, entre nuages et "culottes de gendarme", jolie expression belge pour désigner les quelques éclaircies dont nous avons bénéficiés. Voici le mot touchant que j'ai reçu quelques jours après notre ascension : "Nous sommes arrivés hier soir. Nous vivions côte à côte mais plus tellement ensemble. On se croisait beaucoup. On partageait de moins en moins. Tu nous a permis de resserrer des liens distendus, de nous dépasser chacun et de faire un. Sans verser dans la spiritualité, nous avons vécu une sorte de communion. Merci de tout cœur."
Il faut le vivre pour le croire : 50 cm de fraîche à Bertol en ce 9 juillet, et cela fait trois jours qu'il neige sans arrêt. Quel courage et quelle motivation il faut pour aller en montagne par des conditions pareilles ... Je dois chercher très loin dans ma mémoire y trouver une situation aussi catastrophique. Oui je crois en Himalaya indien en 86, oui peut être en juillet 2008. Malgré l'accueil formidable et les bons plats mijotés par Anne-Marie la gardienne et Olivier, là on dit stop, je crois que Sonia, Emma, Catherine, Rolf et Pierre Alain sont allés au bout de leur patience et de leur tolérance. On bâche, on va se baigner à Lavey ou .... on refatre les skis !