Au Ladakh,  chacun son Stock : pour certain le Kangry à 6137 m et pour les autres le La (col) à 4900 m. Dans tous les cas, il a bien fallu se  battre pour arriver à nos fins, la météo ne nous ayant pas ménagé avec des  pluies quotidiennes, des orages impressionnants, du grésille, ou de la neige. Bref tout le répertoire y a passé durant les sept jours de marche d'approche et de préparation sous la forme d'un trekking le long du  Stock Range ! Mais l'homogénéité du groupe, sa ténacité nous a maintenu le moral jusqu'à la lucarne de beau nécessaire pour réaliser l'ascension d'un 6000 mètres. Attention,  pas les doigts dans le nez : avec 30 cm de neige fraiche, le succès n'était pas acquit d'avance. En plus de grosses avalanches avaient labouré les pentes raides qui mènent à l'antécime mais pas toutes les pentes .... il a donc fallu rester méfiant et prendre les préacautions d'usage. L'arrrivée sur l'arête sommitale a été un fabuleux moment de bonheur avec le spectacle toujours impressionnant d'un spectre de Brocken et la poursuite de l'ascension jusqu'au sommet en a été ainsi allégée. Le passage du Stock La qui mène à Rumback a bien complété ce trekking déjà intensif et nous a achevé avant de passer pour certains à de vraies vacances au Rajastan ... dans le sud !

 

 

 

 

 

Un jour à 3700 m, un jour à 2000 m, au suivant passage d'un col à 3000 m, et, cerise sur le gâteau, un 4000 m à la clef ! Il est tellement varié ce Tour du Cervin par l'itinéraire choisi que j'en salive encore ! Variées aussi les conditions météo, globalement très bonnes sauf ... où il en eu fallu de meilleures, comme le long de la montée du Stockjy sur Bertol. Alors là, on a eu la totale : pluie, neige, vent ... 9 heures sur les dents pour pouvoir assumer en toute sécurité cette étape engagée. Variée aussi l'équipe, de plus en plus homogène au fil des jours. Des alpinistes aguerris, comme des personnes découvrant le cramponnage. Mais tout s'est bien passé et avec l'excellent soutien de Simon, l'aspirant guide du jour,  nous avons pu faire de ce Tour un moment d'exception. Avec notre équipe de douze, nous étions certainement les premiers de la saison à réaliser le Tour de cette manière, au plus près du Cervin lui-même puisque nous avons passé lors du jour d'ouverture de l'un des refuges et du téléphérique de Testa Grigia. Seuls au monde, parmi les glaciers et les fleurs ... La montagne faite pour des privilégiés !

 

 

 

 

C'est à la mi-juin que les Accompagnateurs de Randonnée finissent leur formation qui se cloture avec un examen final. Pour arriver à cette ultime épreuve, il aura fallu 58 jours de formation répartis en 8 modules et stages pratiques qui vont de la connaissance de l'environnement faune et flore (bien sûr !) à la gestion de groupe, en passant par un  module médecine, un autre de communcation et des modules hiver très exigeants en matière de connaissances avalanche. Il faudra aussi présenter un travail de dîplome d'une trentaine de pages. Alors c'est peu dire que cet examen final est un aboutissement. Deux experts observent la prestation de deux heures durant lesquelles les candidats pratiquent leur futur métier avec un groupe de clients-cobayes. Et moi, pendant ce temps, je bois du petit lait, parce que la plupart du temps ces futurs collègues se donnent à fond et c'est un régal de les écouter. A ce niveau-là, on peut parler d'échanges, et aussi de future collaboration.

 

La cuisine marocaine est vraiment délicieuse, est ce pour cette raison que cela fait plus de trente (!) ans que je me rends régulièrement au Maroc ? Pratiquement une fois par année ? Des fois même deux fois ? C'est vrai, je suis assez gourmand, mais il n'y a évidemment pas que la cuisine marocaine qui me motive. D'abord les gens, ce peuple de montagne, ces berbères. En fait, par nos origines, nous sommes très proche d'eux. Nous sommes aussi des gens de la montagne et cela a forgé nos corps, notre façon de penser, notre façon de parler. Je me sens proche d'eux (modestement) dans cette qualité qu'ils ont d'aller à l'essentiel. Je me sens proche d'eux aussi, ou en tout cas je sens bien ce qu'ils ressentent  dans le rapport qu'ils ont avec la nature et les éléments. Et j'ai envie de provoquer cette rencontre pour mes clients qui me font confiance. J'ai l'impression qu'un voyage même court au Maroc (dans leurs montagnes), apporte une connaisance de l'humain qui n'est pas la même que dans notre brave europe blasée et frustrée. Alors allons-y, le plus souvent possible, et laissons nous porter par l'imprévu et les rencontres probables. Comme ont su le faire Séverine et Arianne sa mère  et sa tante Claudine, trois gazelles ravies de leur trek entre plateaux du Yagour et Toubkal.

   

   

 

 

Voilà sept ans que je collabore avec Pro Senectute Fribourg et Valais et que j'organise pour eux et accompagne des personnes plus âgées sur le Chemin de St Jacques, par petits bouts. Le projet est d'atteindre Compostel en cinq ans, ce que nous avons déjà fait une fois et que nous réitérons avec succès. Je marche en binôme avec un accompagnateur/trice de randonnée et nous prenons des groupes de 12 personnes au maximum. Un chauffeur nous suit avec un bus ce qui permet à chaque personne qui éprouverait de la fatigue de raccourcir l'étape. Cela permet aussi de marcher léger, ainsi nos sens deviennent plus aiguisés pour capter l'environnement magnifique dans lequel nous évoluons entre Cantal, Aveyron et Lot. C'est une magnifique expérience et j'apprécie beaucoup ce contact privilégié avec nos anciens qui sont plus blagueurs et enthousiastes que bien des petits jeunes ... Quelle joie de vivre ! Vraiment une leçon de vie, un partage exceptionnel et pour rien au monde je renoncerai à ce qui devient traditionnel pour moi entre la saison de ski et la saison d'alpinisme, juste au moment où la nature et la vie explosent en cette période printannière.