Cela fait plusieurs années que je collabore avec l'institution de Bonne Fontaine qui accueille des jeunes en difficulté et  le travail de leurs éducateurs est remarquable. Un des axes pédagogiques utilisés est le dépassement de soi et la redécouverte de la confiance en soi par l'excellent support que représentent les activités en montagne, d'où l'organisation d'un camp de raquette qui a lieu traditionnellement dans les Préalpes vaudoises, au départ de la cabane Barraud par exemple. Cette année encore, nous avions mis toutes les cartes de notre côté avec l'aide le premier jour de Joël et Arno, porteurs costaux et, pour l’un,  accompagnateur de randonnée. Météo extraordinaire, belle ambiance, tout parfait, comme la course le lendemain à l'Ecuelle, où la joie et le plaisir se lisaient sur tous les visages. Changement de décor le matin du jour suivant, opposition totale, agressivité hors norme, chantage ... Toute la panoplie des comportements incompréhensibles d'auto-sabotage et ... retour à la case prison. Triste retour sous nos regards médusés. Même les excellents professionnels qui géraient le camp, Yann, Delphine et Ylian sont revenus déprimés. Ce que nous percevons comme une chance inouïe, un cadeau, un privilège  n'est pas accessible à cette nouvelle génération de jeunes adolescents placés, de plus en plus en proie à des difficultés d'ordre psychiatriques sévères. Et dans ce cas, même les plus belles montagnes, la plus belle neige, le plus beau soleil ne peuvent rien hélas.